Federer au ralenti

Après un match très décousu avec près de soixante fautes directes, Roger Federer a battu (4-6, 6-3, 7-5, 6-4) Lleyton Hewitt pour se qualifier pour les huitièmes de finale. Avec cette victoire, il est assuré de garder sa première place mondiale à la fin du tournoi.
L'ombre de Roger Federer a plané pendant 2h33' sur le court Athur-Ashe face à Lleyton Hewitt. Pendant que son sosie, obscur acteur américain, donne des interviews à l'extérieur du centre de presse, le numéro 1 mondial trime pour essayer de mettre la balle dans le terrain et finalement battre (4-6, 6-3, 7-5, 6-4) la tête de série n°31. Comme un joueur lambda (ou presque), le génie du jeu n'en met pas une dedans ! Est-ce l'effet de jouer en premier match à 11 heures ? Non. «Nous avons l'habitude de nous entraîner à cette heure-là, assène le champion, arrivé en retard en conférence de presse car il a sûrement voulu regarder la fin du match de son grand copain Marco Chiudinelli. Pour un match, c'est un peu tôt, mais je préfère jouer à 11 heures du matin qu'à 10 heures du soir pour être honnête.» Est-ce l'effet d'une domination sans partage contre l'ancien numéro 1 mondial avec treize victoires consécutives et seulement quatre sets perdus depuis 2003 ? Non. Ce n'est pas le genre de la maison. Dans le vent de New York, Roger Federer est tout simplement ailleurs.

Après avoir mené 4-2 (40-0) sur son service, la lumière s'est éteinte et le quintuple tenant du titre a commis 16 fautes directes sur les 27 points suivants pour perdre la première manche. « Cela va vite. Tu tentes un peu plus et tu te retrouves à 40-30. C'est la difficulté du tennis, ce n'est jamais fini. Un bon retour, une connerie et tu te retrouves à servir une seconde balle à 4-2 (40-40), plaide le Suisse. Puis tout est possible. C'est pour ça qu'il faut rester concentré. J'essaie de l'éviter. Parfois ce n'est pas possible. » Lleyton Hewitt ne joue pas particulièrement bien, Roger Federer lui offre le set. Lent, il n'arrive pas à développer son jeu et il tient avec son service, notamment kické sur le revers adverse, une meilleure gestion des points importants (11 balles de break sauvées sur 14) et un coup droit du 32e mondial peu fiable pour empocher les deux sets suivants sous le soleil new-yorkais. Après une heure et demie de jeu (un set partout 3-2), il a déjà commis 42 fautes directes.
Federer soulagé

Dans la quatrième manche, il retrouve quelques éclairs de génie pour dérouler. Lleyton Hewitt ne possède pas les armes pour le gêner et Roger Federer peut disposer à sa guise. Il a toutes les cartes en main. Quand il joue bien, l'Australien se retrouve totalement impuissant. Quand il joue mal, l'Australien peut déployer ses qualités de combattant. «C'est difficile car il veut dicter le jeu et il ne vous donne pas beaucoup d'opportunités de jouer et de faire des choses différentes, explique le 32e mondial, heureux de voir son niveau remonter après ses diverses blessures. Il possède un grand service. Ce n'est pas le plus rapide, mais il trouve toutes les zones et il joue très bien son deuxième coup.»

Le Suisse se charge de tout avec 59 fautes directes et 51 points gagnants et Lleyton Hewitt marque la moitié de ses points (116) sur des erreurs adverses. «Je suis très heureux parce que je sais à quel point il est difficile de revenir d'un set à zéro contre Lleyton, souffle Roger Federer qui a trouvé son adversaire plus en jambes à New York qu'à Cincinnati. Je commets une faute supplémentaire et je me retrouve au cinquième set. Je suis soulagé d'être passé.» Son sosie peut souffler, il peut encore faire illusion et le public peut encore passer devant lui en glissant discrètement : «C'est le frère de Federer.» Roger Federer n'a pas de frère, mais sur le terrain, il est apparu comme l'ombre de lui-même. Le champion a finalement assuré l'essentiel avec sa qualification pour les huitièmes de finale et sa première place mondiale garantie.

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